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Le Conseil d’État maintient la fermeture des galeries d’art

Bien qu’aux termes de son ordonnance du 14 avril 2021, reprise dans son communiqué, le Conseil d’État, a relevé que « la fermeture au public des galeries d’art crée une grave distorsion de concurrence avec les salles de vente, lesquelles sont autorisées, par exception, à ouvrir et porte atteinte à la liberté d’expression, la liberté de diffusion artistique et la liberté d’entreprendre », la plus haute juridiction de l’ordre administratif maintient la fermeture des galeries d’art. Le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA), à l’origine du présent recours en référé-liberté en réaction au décret du 19 mars 2021, a annoncé qu’il interpellerait le Gouvernement pour qu’il indique ce que celui-ci envisage de faire pour corriger « la grave distorsion de concurrence explicitement reconnue par le Conseil d’État » avec les maisons de ventes aux enchères publiques.

Selon le Conseil d’État, l’atteinte ainsi portée à plusieurs libertés fondamentales, dont la liberté du commerce et de l’industrie et la liberté de création et de diffusion artistique, ne peut être admise que dans un contexte sanitaire marqué par un niveau particulièrement élevé de diffusion du virus au sein de la population susceptible de compromettre à court terme la prise en charge, notamment hospitalière, des personnes contaminées et des patients atteints d’autres affections.  

Or, et au égard de la nette aggravation de la crise sanitaire sur le territoire métropolitain, et alors qu’est observée en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France, au cours de la semaine du 29 au 4 avril 2021, une circulation virale de moindre intensité pouvant traduire les premiers effets bénéfiques des restrictions renforcées prises dans ces régions en application du décret du 19 mars 2021, la fermeture au public des galeries d’art au même titre que la plupart des autres commerces, qui vise à réduire les occasions de déplacements de personnes hors de leur domicile afin de limiter les interactions sociales à l’occasion desquelles la propagation du virus est facilitée, ne porte pas, à la date de la présente ordonnance, une atteinte manifestement illégale aux libertés fondamentales dont se prévaut l’association requérante.

En d’autres termes, la situation épidémiologique sur le territoire métropolitain étant très préoccupante avec notamment des indicateurs hospitaliers très fortement dégradés, la gravité de la situation sanitaire justifie corrélativement la fermeture des galeries d’art.

Quant à la demande subsidiaire formulée par le Comité professionnel des galeries d’art, qui sollicitait la possibilité pour les galeries d’art de pouvoir accueillir ses clients sur rendez-vous, le Conseil d’État n’a apporté aucune réponse. Le CPGA avait rappelé, bien en amont de la décision rendue par la haute juridiction, les conséquences dévastatrices que la fermeture, couplée à l’annulation de la grande majorité des salons, avait engendré sur l’écosystème artistique français et international. Une étude publiée le 8 avril 2020 avait montré comment le premier confinement avait menacé de fermeture définitive un tiers des galeries françaises. L’étude rappelait également, dès cette époque, que 90% des artistes dépendent de la galerie qui les représente pour vivre.

Le Président du Conseil des ventes volontaires a depuis lors réagi vivement, indiquant que « Les protestations du Comité des galeries d’art, dont le recours vient d’être repoussé par le Conseil d’État, m’ont choqué mais pas étonné. Nous sommes, en France, toujours repris par nos vieux démons, et peu enclins à nous unir face à l’adversité ». Celui-ci rappelle surtout que « la distorsion de concurrence doit être largement relativisée, ce qui peut expliquer mieux la position des pouvoirs publics, qui n’ont pas souhaité interrompre l’activité des maisons de ventes ». En effet, la seule concurrence qui pourrait exister entre les maisons de ventes et les galeries résiderait dans le domaine des ventes privées que la loi du 20 juillet 2011 a ouvert au bénéfice des commissaires-priseurs volontaires. Mais le chiffre d’affaires de cette partie de l’activité de quelques maisons de ventes se monte, selon les estimations du Conseil des ventes volontaires à 100 millions d’euros en 2020, là où le chiffre d’affaires annuel des galeries d’art se monte à 1,5 milliard d’euros selon plusieurs estimations.

Un article écrit par Alexis Fournol, Avocat à la Cour et Associé du Cabinet.

Dans le cadre de son activité dédiée au droit de l’art et au droit du marché de l’art, le Cabinet accompagne ses clients, maison de ventes aux enchères publiques ou galeries d’art, dans la nécessaire évolution de leur fonctionnement en raison de la pandémie actuelle afin de se conformer aux contraintes légales en la matière.