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« Le Baiser » de Brancusi : les éclairages de Me Simon Rolin dans le Point

Réalisée par Constantin Brancusi en 1909, la sculpture « Le Baiser » est implantée sur la tombe de Tatiana Rachewskaia au cimetière du Montparnasse à Paris. Souhaitant empêcher les descendants de la jeune femme de détacher la statue et de la vendre, l’État a inscrit l’intégralité de la tombe au titre des monuments historiques en 2010. Cette décision, contestée par la famille, a été confirmée par le Conseil d’État le 2 juillet 2021.

Me Simon Rolin a été interrogé par le magazine Le Point afin de donner son analyse de la décision rendue par la haute juridiction.

À titre de rappel, la sculpture avait été achetée dans l’unique but d’être scellée sur la tombe de la jeune femme, constituant ainsi un monument funéraire indivisible. À ce titre, ce monument doit être considéré, selon le Conseil d’État, comme un « immeuble par nature » au sens de la loi, ce qui autoriserait corrélativement l’État à l’inscrire comme monument historique sans l’autorisation de ses propriétaires.

Le Conseil d’État a ainsi retenu, le 2 juillet 2021, « qu’en se fondant, pour prendre l’arrêté attaqué, sur la circonstance que le groupe sculpté « Le Baiser » de Constantin Brancusi et son socle formant stèle constituait, avec la tombe, un immeuble par nature, le préfet de la région Ile-de-France, préfet de Paris n’a pas commis d’erreur dans la qualification juridique des faits ». La Haute juridiction administrative relevait notamment qu’« il ressort des pièces du dossier que la volonté du père de la défunte, titulaire de la concession perpétuelle qui lui a été consentie au cimetière du Montparnasse par la Ville de Paris après le décès de Tania Rachewskaia en décembre 1910, a été d’ériger sur sa tombe un monument funéraire qui accueille « Le Baiser » de Constantin Brancusi, acquis auprès de l’artiste sur la recommandation de l’amant de sa fille disparue, en hommage à la jeune femme. C’est ainsi qu’il a fait réaliser par un marbrier, en pierre d’Euville tout comme l’œuvre, une stèle faisant socle, implantée sur la tombe, portant épitaphe et sur le lit d’attente de laquelle le groupe sculpté a été fixé et scellé en avril 1911. Dès lors, la sculpture « Le Baiser » de Constantin Brancusi qui surmonte la tombe de Tania Rachewskaia est un élément de cet édifice qui a perdu son individualité lorsqu’il a été incorporé au monument funéraire, sans qu’importe la circonstance ni que l’œuvre n’ait pas été réalisée à cette fin par Constantin Brancusi, ni qu’elle ait été implantée quelques semaines après le décès de la jeune femme ».

Dans le cadre de son activité dédiée au droit de l'art et du marché de l'art, le Cabinet assiste régulièrement les héritiers d’artistes et les héritiers de collectionneurs, dans la défense de leurs intérêts tant sur la protection du droit d’auteur dont ils peuvent être investis que sur la protection de la propriété du support corporel des œuvres.